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Recherche d'emploi et lettre de candidature spontanée

Dernière mise à jour : 2 oct. 2023


Recrutement et lettre de candidature spontanée
Recherche d'emploi et lettre de candidature spontanée

C’est, hélas, encore trop peu connu : accaparé par la gestion de ses affaires courantes, le destinataire d’un dossier de candidature adressé de façon spontanée n’accorde que 20 secondes (maximum) à la première lecture (en diagonale) du CV. Après quoi, en fonction des compétences décelées, il (elle) décidera (ou non) d’investir davantage de temps à une (re)lecture plus approfondie du CV et, dans le meilleur des cas, de la lettre. Votre souci est de présenter vos compétences (qui correspondent à celles utiles à l’entreprise) et vos motivations et de démontrer que savoir faire conjugué à l'envie de faire, fait de vous un candidat idéal. Alors, comment faire ?


A qui adresser une lettre de candidature spontanée ? à celui qui sera le mieux à même d’en apprécier la teneur : « celui qui a le problème dont vous êtes la solution ». Autrement dit votre futur « n + 1 ». Avantage annexe mais non négligeable : vous allez pouvoir lui « parler métier » et utiliser des termes qu’il sera, lui, à même de comprendre, dont il saisira les finesses et subtilités. N’abusez toutefois pas de ce « jargon de connivence » au risque de ternir ce qui est sans doute l’un de vos atouts, votre esprit d’ouverture et de communication.

Parlez de vous. N’oubliez pas que, comme chacun de nous, votre interlocuteur est un « zappeur » : il faut donc accrocher son intérêt puis l’entretenir. Comment ? en mettant en œuvre un principe de littérature : « nourrir son lecteur », en l’espèce en lui apprenant quelque(s) chose(s). Sur quel sujet pouvez-vous lui apprendre quelque(s) chose(s) ? sur vous ! c’est d’ailleurs sa demande : après avoir lu votre CV il souhaite mieux vous connaître. Puisqu’il a déjà lu votre CV, attention à ne pas être redondant dans votre lettre de candidature. Vous y valoriserez vos expériences, vous ne les y répéterez pas. Votre lettre doit venir en complément de votre CV, pas en redite (imaginez-le levant les yeux au ciel et soupirant en maugréant « ça, je le sais déjà »). Même si vous devez vous faire violence et mettre à mal certains principes comme « on ne parle pas de soi » parlez de vous.

Sus aux généralités. Corollaire immédiat du paragraphe ci-dessus : évitez les généralités, les lieux communs et les affirmations impersonnelles, les phrases ectoplasmiques. Surtout si elles concernent l’entreprise de votre interlocuteur, celle dans laquelle vous postulez. « XXX à une ambitieuse stratégie de conquête des marchés asiatiques. » Il est au courant, plus et mieux que vous puisqu’il y travaille ! vous ne lui apprenez rien, notamment pas sur vous alors que c’est sa demande. (imaginez-le levant de nouveau les yeux au ciel et lâchant, légèrement irrité, entre ses dents « s’il y a un sujet sur lequel je suis au courant… »)

Astuce : pour être bien sûr de parler de vous, efforcez-vous « d’apparaître » dans chaque phrase de votre lettre. Que ce soit sous forme de « je », « moi », « me », « mon », « ma », « mes », « m’ » … Chacun de vos propos vous sera ainsi « relié ».

Vous avez dit motivé ? Le 14 décembre 1965 le général de Gaulle disait « bien entendu on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe, l’Europe, l’Europe ! » mais ça n’aboutit à rien, ça ne signifie rien ». Il en est de même pour la motivation. Ce n’est pas en écrivant, en répétant que « vous êtes motivé » que vous en convaincrez votre interlocuteur. Il en va de la motivation comme de l’amour : citons le poète Pierre Reverdy « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Ne dites pas que vous êtes motivé : expliquez-le, donnez-le à comprendre, démontrez-le, illustrez-le, faites-le ressentir à votre interlocuteur.


Faites court. Le temps de votre interlocuteur est mesuré. Ne prenez pas le risque de le lasser. Citons Blaise Pascal : « Je n’ai fait cette lettre-ci plus longue que parce que je n’ai pas eu le loisir de la faire plus courte » (« Les provinciales, lettre 16 »).

Pour vous aider à faire court, allez à l’essentiel. Ne cherchez pas à « tout » dire : triez, sélectionnez, hiérarchisez, éliminez (gardez pour plus tard). Robert Bresson, dans son ouvrage « Notes sur le cinématographe » (Gallimard 1975) utilise cette belle formule « il faut vider l’étang pour avoir les poissons ».

C’est compliqué de faire simple, c’est long de faire court. C’est pourtant la politesse élémentaire que vous devez à votre interlocuteur qui « n’a rien demandé », chez qui « vous vous êtes – en quelque sorte - invité ».

Sobriété. Attention à votre style ! Le mot d’ordre ? la simplicité. Sans aller jusqu’à l’injonction de Clémenceau quand il était rédacteur en chef de l’Aurore (« Les journalistes ne doivent pas oublier qu'une phrase se compose d'un sujet, d'un verbe et d'un complément. Ceux qui voudront user d'un adjectif passeront me voir dans mon bureau. Ceux qui emploieront un adverbe seront foutus à la porte ») gardez le principe des phrases courtes. Bannissez les mots parasites comme « pu » et « su » (vous préférerez donc « j’ai mené à bien » à « j’ai su mener à bien » ou à « j’ai pu mener à bien »).

Assumez. Utilisez un style direct, actif et personnel. Ne tournez pas autour du pot. Endossez vos succès. Osez parler à la première personne. Ainsi, soyez sans pitié envers les « permis de » : plutôt que « cette mission m’a permis de développer mes capacités de négociation » écrivez « grâce à cette mission, j'ai développé mes capacités de négociation ». A bas l’hypocrite fausse modestie !

Soyez assertif. Soyez positif : il n’y a qu’en mathématiques que « moins par moins fasse plus » (– x – = +). Pas en expression écrite ni orale. « Vous savez » est infiniment préférable à «vous n’êtes pas sans savoir» et bien sûr à « vous n’êtes pas sans ignorer » qui exprime carrément le contraire de ce que l’on voudrait dire ! Soyez sans pitié avec les «minorants» (certes plus usités à l’oral qu’à l’écrit) comme « assez », « plutôt » quand ce n’est pas « un peu » ou pire « un petit peu » … Chaque fois que possible utilisez le futur (qui vous projette positivement dans une collaboration à venir) de préférence au conditionnel (qui n’émet qu’une vague possibilité) : « ce sera l’occasion de mettre en œuvre mes compétences de chef de projet » sonne plus confiant que « ce serait l’occasion….. ».

Restez souple. Ne heurtez pas, ne choquez pas, ne faîtes pas peur. Pas de mouvements brusques. Par exemple, préférez « évolution » à « reconversion ». Infléchissez votre trajectoire, ne changez pas (surtout brusquement, définitivement) de direction. Ajustez, adaptez votre cap. La progressivité rassure (elle serait précédée de la réflexion). La radicalité inquiète (elle serait cousine germaine de l’impulsivité).

Soignez la mise en page. Organisez vos propos en paragraphes homogènes (un thème par paragraphe) que vous rendrez distincts grâce à une mise en page aérée rendant le texte attractif. Signez votre lettre « au stylo », de préférence à l’encre bleue – pour contraster - (quitte à scanner ensuite cette signature et à en insérer l’image si vous procédez par voie électronique). Vous vous garderez bien d’inscrire, sous ce beau paraphe, votre prénom (ainsi dénommé car il précède votre patronyme) et votre nom : en effet, qui d’autre que vous-même signerait votre propre papier à en-tête ? Par le soin apporté à la présentation de vos propos, vous donnerez envie de vous lire, vous illustrerez votre souci d’être compris. On n’accède au fond que par la forme. « La forme c’est le fond qui remonte à la surface » (Victor Hugo).


Structurez votre message. Voici une articulation des thèmes (paragraphes) qui a fait ses preuves :

1°) pourquoi je vous écris : dites brièvement ce qui vous amène (même si, certes, vous l’avez déjà fait dans votre CV),

2°) pourquoi je vous écris à vous : vos motivations,

3°) ce que je vous apporte : ce paragraphe est le plus important, le cœur du réacteur. Comment, avec quels savoirs, avec quels savoir-faire, avec quels savoir-être vous vous proposez de créer davantage de valeur,

4°) demande explicite d’entretien,

5°) prise de congé : salutations.

Notez que cette structure qui allie le « je » et le « vous » sur plusieurs registres constitue une intéressante alternative au très usité « vous, je, nous ».


Et la suite ? Ne perdez pas de vue votre objectif principal : obtenir un rendez-vous. Allez droit au but, ne tournez pas autour du pot ! Débarrassez-vous de ce restant de pudeur pré pubère : exprimez vous sans détours ni faux-semblants (« je voudrais qu’il comprenne que ... »). Faites simple. Ne cédez pas à la facilité d’employer des expressions toutes faites qui risquent de donner de vous un image peu valorisante (« je me tiens à votre entière disposition » : même pas vrai ! « dans l’attente d’une réponse» : vous n’avez rien de mieux à faire que d’attendre ?) ou, pire, sont erronées (ainsi des salutations, par leur coté ostensible, ne peuvent être « exprimées »). Ecrivez, par exemple, que « vous aimeriez (lui) présenter plus complètement vos compétences et vos motivations lors d’un prochain entretien et que, dans cette perspective, vous lui adressez vos meilleures salutations ». C’est franc, c’est direct sans pour autant être impérieux ou comminatoire.


Relecture. Lecture. Ce qui va sans dire allant souvent mieux en le disant : attention à votre grammaire, à votre orthographe, à votre syntaxe, à votre vocabulaire, à votre frappe. Relisez-vous, faites-vous relire.

Dernière astuce d’une déconcertante facilité et pourtant d’une redoutable efficacité : faites-vous lire votre lettre à haute voix. L’entendre vous mettra à la place du destinataire et vous donnera la distance grâce à laquelle vous identifierez vous même des axes d’améliorations (phrases trop longues ou trop compliquées, expressions alambiquées, jargon, propos peu clairs, répétitions…).


A vos claviers !


© Guillaume ASTIER / Emploi Nouvelle Donne, le 5 avril 2023


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